Pulp Vision
L'association des cinéphiles de Neoma Business School Rouen
Pas évident de bien communiquer sur un film. Avec internet, certains films sont voués à l’échec avant même leur sortie au cinéma, en se faisant violemment critiquer sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, certains films bénéficient d’une plus grande visibilité que d’autres, parce que les médias en parlent davantage. Cependant, il existe toujours un support de communication incontournable pour les films : l’affiche. Objet d'art et surtout objet de marketing, c'est elle qui peut donner envie aux spectateurs d’aller voir le film.
Trouver un slogan / catchline pour un film n’est pas une tâche aisée : il faut que le slogan soit assez original pour piquer la curiosité des spectateurs potentiels, et à la fois assez classique pour ne pas paraître ridicule et décrédibiliser le film. “In space, no one can hear you scream”, slogan du film Alien, le huitième passage est un exemple classique d’une bonne accroche: on comprend les grandes lignes de l’intrigue (le lieu, le danger, la fatalité…), mais en même temps, celles-ci demeurent assez vagues pour attirer notre curiosité.
Voici donc un top 30 des meilleurs / pires slogans d’affiches de films, classés par catégories.
Dans la catégorie « j’avais la flemme de cherche un slogan »
1. 28 semaines plus tard (2007) : « Il revient. »
Ok. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Du héros ? Du virus ? D’Arnold Schwarzenegger ? On ne sait pas.
2. Grease 2 (1982) : « C’est sympa »
Sans doute le meilleur slogan de glandu de l’histoire du cinéma.
3. Old boy (2003) : « Séquestré pendant 15 ans. Par qui ? Pour quoi ? »
Comment ? Où ? Quand ? Mais ou et donc or ni car ?
4. Colombiana (2011) : « Vengeance is beautiful. Revenge is beautiful. »
Ils ont hésité sur le mot à employer, alors ils ont mis les deux. Bougrement intelligent, non ?
5. Twilight 2 (2009) : « Découvrez le nouveau chapitre »
Ah oui merci, mais non merci.
6. Clash of the titans (2010) : « Titans will clash»
J’imagine que tu as pigé en quoi ce slogan témoignait d’un degré de flemme assez élevé.
7. L’homme qui en savait trop (1956) : « un « super » Hitchcock »
Là aussi, le mec n’était pas trop trop sûr du mot à employer, alors il l’a mis entre guillemets. C'est ça être malin.
8. Bande de sauvages (2007) : « Vieux motards que jamais »
Une contrepèterie qui ne manquera pas d’amuser les amateurs de calembours bien lourdingues.
9. Seven (1995) : « Sept péchés capitaux. Sept façons de mourir. »
Celui-ci est pas mal, (et je ne pense pas ça seulement parce que j’aime le film). L’anaphore du mot « sept » et l’utilisation de deux hexasyllabes en font un slogan percutant (oui je peux faire des analyses justifiées de temps en temps).
10. La mouche (1986) : « Be afraid. Be very afraid. »
Là aussi le slogan fonctionne plutôt bien. Concision + répétition + gradation + rupture en font un slogan qui transmet bien cette idée de peur, d’autant plus que le message s’adresse directement au public. On peut donc dire que c’est un slogan qui… fait mouche. YEEEEAAAAAAAH !!!
Dans la catégorie « je décris le film »
11. Frontières (2008) : « Ce film accumule des scènes de boucherie particulièrement réalistes et éprouvantes. »
Ce cas est un peu particulier puisqu’il ne s’agit pas initialement d’une catchline pour le film, mais de l’avertissement qui accompagnait le film à sa sortie en salle. Les producteurs ont donc eu l’idée de reprendre directement l’avertissement, pour rendre le film encore plus subversif.
12. Orange mécanique 1972) : « Les aventures d’un jeune homme dont les intérêts principaux sont le viol, l’ultra-violence et Beethoven. »
Bon là c’est un résumé pur et simple du film, mais on ne va rien dire car c’est Kubrick.
13. Rec (2007) : « Fuir. Se cacher. Mais ne jamais cesser de filmer. »
Un bon slogan qui rappelle le credo de beaucoup de journalistes (et de beaucoup d’utilisateurs de smartphone) d’aujourd’hui…
14. The social network (2010) : « On ne peut pas avoir 500 millions d’amis sans se faire quelques ennemis… »
Ce slogan fonctionne bien car il est construit comme un proverbe, avec une généralisation et une structure d’opposition.
Dans la catégorie « je suis un petit comique »
15. Mortuary (2005) : « Massacre l’été dernier au sous-sol dans la dernière maison du cimetière à gauche de la colline… »
Aïe aïe aïe… Les références aux films d’horreur cultes ça va un moment, mais cinq compléments circonstanciels et compléments de nom dans une seule phrase, ça peut provoquer une entorse au cerveau.
16. Braindead (1992) : « Autant en emporte le sang »
Là aussi, jeu de mot (de génie) et référence à un film culte…
17. Big movie (2007) : « Ca va être énorme. On a mesuré. »
Ils n’ont pas menti. Ils ont simplement omis de préciser qu’ils parlaient d’une bouse.
18. Shrek le troisième (2007) : « Mettez-vous au vert ! »
« Ahah c’est drôle, nan parce que Shrek il est vert, t’as compris ? »
19. Le bruit des glaçons (2010) : « Un film mortel ! »
Un slogan assez glauque quand on connaît le sujet du film…
20. Night and day (2010) : « Elle l’a rencontré en avion. Il va la mener en bateau. »
Un jeu de mot sur les moyens de transport, comme c’est astucieux.
21. Gang de requin (2004) : « Même les petits poissons ont de gros sushis. »
« Ahah, nan parce que dans les sushis y a du poisson, et que c’est un film sur les poissons, t’as compris ? ». Ils ont décidémment beaucoup d'humour chez DreamWorks.
22. Martyrs (2008) : « Elles n’ont pas fini d’être vivantes. »
De loin mon slogan préféré, parce qu’en seulement huit mots, il résume l’intrigue du film et joue sur un cynisme noir et inattendu (et par conséquent il attire l’attention et la curiosité). En somme, un slogan efficace.
Dans la catégorie « philosophes »
Exceptionnellement, pour cette catégorie, je ne commenterai pas les catchlines. Je vous laisserai le loisir d’y réfléchir vous-même pendant 4 ou 6 heures, selon votre bon vouloir. Enjoy !
23. Interstellar (2014) : « La fin de la terre ne sera pas notre fin. »
24. Prometheus (2012) : « La recherche de nos débuts pourrait nous conduire à notre fin. »
25. Twilight chapitre 4 (2011) : « L’éternité n’est que le commencement. »
26. The descent 2005) : « Il y a des films d’horreur, et il y a des films qui font peur. »
27. The Truman show (1998) : « Et vous, qui vous regarde ? »
Dans la catégorie « mon film fait hyper-trop-super-méga peur »
28. Devil inside (2012) : « Le film que le Vatican ne veut pas que vous voyiez. »
En même temps, si on pouvait regarder uniquement des films en accord avec les goûts du Vatican, on ne s’en sortirait pas.
29. Evil Dead (2013) : « Le film le plus terrifiant que vous ayez jamais vu. »
Alors déjà non. Ensuite, t’aurais pas un peu pompé ton slogan sur celui de L’exorciste "Le film le plus terrifiant de tous les temps", par hasard ? Vous noterez en outre que comme pour la catchline du film Frontières, le texte prend beaucoup plus de place sur l'affiche que le titre du film. Cet élément visuel montre que la stratégie de communication autour de ces deux films d'horreur se concentre davantage sur la mise en avant d'une esthétique, que sur la mise en avant d'un scénario.
Dans la catégorie « Whaaaaaaat the FUUUUUUUCK !? »
30. La vengeance (2012) : « La vengeance est un plat qui se mange froid, moi je le mange cru parce que avant, je n'en avais pas. »
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Mathilde Bert