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          Un an après la sortie du dernier film de Martin Scorsese, Le loup de Wall Street, et l’étalage de clichés qu’il nous offrait entre cocaïne, argent facile et escorts, on croyait avoir tout vu sur le monde de la finance et du capitalisme sauvage. Il n’en est rien. Les frasques de Jordan Belfort n’étaient que la partie émergée de l’iceberg.

 

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Un petit groupe de traders (ou gestionnaires de portefeuilles si vous préférez) anticipe mathématiquement l’effondrement du marché américain de l’immobilier pour la fin de l’année 2007 : la crise des subprimes qui fit sombrer les Etats-Unis et le monde dans une crise économique et sociale sans précédent depuis le célèbre jeudi noir de 1929. Le film s’étale sur plusieurs années entre 2005 et 2008, à partir du moment où le personnage joué par Bale découvre la supercherie mise en place par les grandes banques américaines concernant les « créances pourries ». Un petit rappel ne fera cependant pas de mal au spectateur qui pourra se sentir plus d’une fois perdu parmi une foule de ces termes définis rapidement à l’écran.

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un produit financier, et revendre ce produit à un autre client ou à une banque concurrente qui souhaite faire fructifier son argent. La banque qui a vendu ce produit empoche immédiatement ce que l’emprunteur lui devait de la part de celui qui a racheté le produit financier. S’ensuit alors un effet boule de neige puisque toutes les banques procèdent de la même manière pour se débarrasser de leurs « titres pourris ». Les produits deviennent ce qu’on appelle en finance des « produits dérivés », les banques concurrentes achètent elles-mêmes ces produits sans savoir qu’elles contiennent déjà des « créances pourries » et rajoutent au sein de ces produits d’autres créances pourries avant de les revendre à d’autres clients, si bien que sur le marché on ne trouve bientôt que des produits dérivés remplis de créances pourries. Le comble est que les deux célèbres agences de notations New-yorkaises (Moody’s, Standards and Poors, pour ne pas les citer) agissaient de concert avec les grandes banques et sociétés de Holdings.

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En effet, ces dernières les payaient pour certifier que leurs produits étaient de grande qualité (triple A), et c’est ainsi que la plupart des spéculateurs du monde entier crûrent que les produits qu’ils achetaient étaient sans risque, alors que le marché américain de l’immobilier sur lequel reposait la valeur de leurs titres, était sur le point de s’effondrer. Cela s’explique par le nombre de plus en plus important de saisies, et donc de remises en vente sur le marché d’une multitude de propriétés, ce qui provoqua inexorablement une perte de valeur sans précédent des biens immobiliers.

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autant. Ils ont été visionnaires, plus intelligents que les autres, mais n’en restent pas moins des financiers qui emportent un jackpot phénoménal à la fin du film. Ils ont décidé de « shorter » les créances pourries, c’est-à-dire de parier contre la valeur de ces titres. Le film s’achève alors que des millions d’américains se retrouvent au chômage, et Brad Pitt annonce à deux jeunes boursicoteurs qui viennent d’empocher 80 millions de dollars qu’un pourcent de chômage supplémentaire équivaut à 40 000 suicides aux Etats-Unis.

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Le portrait du monde de la finance, dressé par Adam Mckay n’est pas aussi bling-bling et surréaliste que celui que nous montrait Scorcese, il est bien plus réaliste, bien plus terne. C’est un film puissant qui donne à réfléchir sur le monde moderne et sur le pouvoir de l’argent, seulement quelques années après la crise systémique qui frappa les Etats-Unis et le monde occidental.

 

Deux semaines après sa sortie, le film n’est pas rentable, pour un budget de 28 millions de dollars, il n’en a rapporté que 25 aux Etats Unis et 1,5 dans le monde selon le site internet Box office Mojo. L’Histoire récente peine donc à faire recette au cinéma, quand se trouve en face le septième épisode de Star Wars. Les goûts du public semblent être davantage orientés vers le divertissement que vers la réalité. Effectivement, si la compréhension d’un film nécessite des cours de finance ou d’économie, même avec Brad Pitt en second rôle, il est difficile de savoir combien de spectateurs the big short pourrait séduire.

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Guillaume Luce

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The Big Short, « Le casse du siècle » 

 ou les dessous d’un échec au box office

A la manière d’un documentariste, Adam McKay réalise The Big short, aidé par le remarquable  Christian Bale qui n’a sans doute pas été aussi bon depuis American Psycho (1998) ou le Prestige (2006). Le casting est bien choisi et l’ensemble, très bien dirigé :

Ryan Gosling, Steve Carell, Brad Pitt, une apparition inoubliable de Margot Robbie, la bimbo de DiCaprio dans le Loup de Wall Street...

De plus en plus de ménages américains ne parvenaient plus à rembourser aux banques l’emprunt contracté en vue de l’acquisition de leur bien immobilier. Pour limiter les pertes, et donc gagner un maximum d’argent, ces mêmes banques ont décidé de titriser les dettes de leurs clients. Ainsi, en divisant la dette d’un  foyer, on peut la  dissimuler   dans 

Pour en revenir au film, le style documentaire de la réalisation s’explique par le scénario tiré d’une histoire vraie. La plupart de ce que nous voyons à l’écran s’est déroulé conformément à la réalité. Si le film fait passer les personnages pour des héros parce qu’ils ont essayé par plusieurs moyens de dénoncer les agissements des banques, ils n’ont pas réalisé le  casse du  siècle pour 

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